-Tu as tout ? On est prêt ? demanda Elizabeth.
-J’ai tout, j’ai tout… Je ne sais même pas ce que je dois apporter, lui répondit Jacques.
- Jacques, pourtant ce n’est pas compliqué. Rose-blanche a parlé de fièvre, de grippe, de coqueluche… Prends le mercure, le genévrier, et ce qui reste de vitriol. Et aussi les décoctions de pensées, thym, framboisier… finalement prend tout. Tout ce qui reste et qu’on ne trouvera pas sur place.
Jacques fit un air innocent en se relevant les épaules qui fut aussitôt anéanti par le regard assassin d’Elizabeth.
Elizabeth était une femme de caractère. Un caractère forgé de labeur.
À l’automne de ses 17 ans elle s’était mariée, à l’hiver de ses 17 ans, elle était devenue veuve et au printemps de ses 17 ans … elle était mère.
Pendant plusieurs années elle s’était occupée seule de son fils Samuel et de la ferme. Ils avaient, en quelque sorte, tous les deux étés adoptés par Rose-Blanche. Puis un jour, arriva Jacques, qui s’offrit pour l’aider aux besognes et qui finalement n’était jamais reparti. Voila maintenant plus de cinq ans qu’il occupait le grenier de la maison. Il était travaillant, sans aucune malice et très mauvais perdant aux cartes. Ce qui amusait énormément Elizabeth. Un petit frère en quelque sorte. Elle était probablement née en ces terres mais n’avait jamais connue ses parents. Ses souvenirs d’enfance étaient très vagues.
Elle avait la peau blanche comme le lait et de grands cheveux noirs comme l’ébène. Au village, on la surnommait l’Espagnole à cause de son tempérament vif et brulant. Et ce regard… ces grands yeux noirs qui ne cachaient jamais aucune émotion et qui n’avaient aucune peine à se faire comprendre.
-Alors, ça y est ? demanda-t-elle à Jacques
-Oui mon Général. J’ai même pris des provisions… au cas.
Elizabeth se mit à rire.
-Vite! Nous sommes attendus et je ne crois pas que ce sera une partie de rigolade. Ferme la maison. Nous partons.
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